L'Hyper Sudation ou Hyperhidrose
L’hyperhidrose correspond à une sécrétion sudorale excessive . Elle a un impact non négligeable sur la qualité de vie car elle interfère avec les activités quotidiennes et engendre des répercussions psychologiques et sociales. L’hyperhidrose peut être primitive ou secondaire à une pathologie interne ou à de désordres neurologiques.
Les Causes de l'Hyperhydrose
L’hyperhidrose généralisée est souvent organique, l’hyperhidrose localisée est le plus souvent primitive et l’hyperhidrose régionale est souvent neurologique.
L’hyperhidrose généralisée
L’hyperhidrose généralisée idiopathique est rare un diagnostic d’élimination. Des situations banales comme la grossesse et la ménopause sont classiques, mais il existe de nombreuses autres causes : l’éthylisme chronique, les malaises vagaux, l’hyperthyroïdie, le diabète, l’acromégalie, le phéochromocytome, les tumeurs carcinoïdes.
Un lymphome, un cancer profond et la tuberculose doivent classiquement être recherchés devant une sudation excessive à recrudescence nocturne. L’hyperhidrose accompagne de nombreuses infections.
Les maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson et la sclérose en plaque, les accidents vasculaires cérébraux peuvent s’accompagner d’hyperhidrose comme d’autres pathologies.
L’hyperhidrose localisée primitive
L’hyperhidrose axillaire est la plus fréquente, devant l’hyperhidrose palmaire, plantaire, inguinale ou cranio-faciale. La cause la plus probable est génétique. Elle peut se définir par une sudation excessive de plus de 6 mois sans cause apparente avec au moins deux de ces critères :
- Sudation bilatérale et relativement symétrique
- Fréquence au moins 1 fois par semaine
- Age de début avant 25 ans
- Arrêt de la sudation la nuit
- Antécédent familial
L’hyperhidrose localisée secondaire
En général l’hyperhidrose est asymétrique et toujours pathologique, d’origine neurologique, et présente une topographie évocatrice.
Le syndrome de Frey est une sudation d’une hémiface, parfois associée à un érythème et un œdème, souvent déclenché par la mastication ou l’ingestion de certains aliments. Il peut être congénital ou apparaître après une chirurgie ou un traumatisme de la région parotidienne.
L’hyperhidrose peut accompagner un accident vasculaire cérébral et l’hypersudation est localisée au côté paralysé.
Une hyperhidrose localisée survient fréquemment après l’amputation d’un membre et peut aggraver les troubles locaux du moignon et par conséquent des retards de réadaptation du patient.
Les médicaments sont souvent incriminés (l’amiodarone, les opiacés, la pentoxyfylline, l’interféron, la fluoxétine). D’autres molécules dont l’implication est moins fréquente, peuvent également être citées : certains AINS comme le naproxène, les bétabloquants, les anti-oestrogéniques.
La ionophorése
Cette méthode consiste à exposer les mains et/ou les pieds à un courant électrique continu transmis par immersion dans l’eau. Le patient dispose ses mains et/ou ses pieds dans les bacs. De l’eau y est versé et l’intensité est augmentée progressivement par le patient à l’aide de curseurs dans les bacs jusqu’à une sensation de picotements. Après une vingtaine de minutes, l’intensité est réduite jusqu’à zéro. Les résultats sont visibles en général vers la quatrième séance. Ensuite une séance d’entretien est à prévoir tous les 2 mois.
La contre-indication formelle est la présence d’un pace-maker. Par prudence, ce traitement est évité chez la femme enceinte, ainsi que chez les patients porteurs d'appareillage chirurgical (vis, plaque) en fonction de leur taille et du trajet du courant. La présence de plaies ou fissures peut être source de douleur, ce qui impose la baisse de l’intensité, la protection de la plaie par un corps gras ou un pansement hydrocolloïde, voire l’arrêt momentané du traitement.
Comment fonctionne le traitement par ionophorèse ?
Un flux de courant électrique de 10 à 20 mA est transmis sur la surface de la peau, en général le courant passe à travers les pieds sur lesquels sont posées des électrodes. Il s’agit de plonger les zones infectées dans des bacs d’eau (mains, pieds,). Grâce à ce courant électrique libéré grâce à l’appareil, la peau du patient s’épaissira de façon microscopique et bloquera la fabrication de transpiration des mains, et des pieds.
Le protocole doit être pratiqué avec rigueur, afin d’obtenir un résultat optimal.
Les résultats grâce à la ionophorèse
C’est l'un des meilleurs traitements en termes d’efficacité. Le risque de se tromper dans l’utilisation de l’appareil est nul car la machine marche toute seule grâce au courant pulsé ou courant continu. La machine contre l’hyperhidrose est non seulement utilisée par certains Podologues en Cabinet libérale mais aussi par des centres hospitaliers universitaires : Bordeaux, Paris, Pellegrin, Strasbourg… Au bout de quelques séances, votre hyperhidrose se sera atténuée, votre transpiration excessive des pieds sera maitrisée: c’est ce qu’on appelle l’anydrose palmo-plantaire c’est-à-dire des pieds totalement secs. De plus, le risque est nul puisque l'appareil marche tout seul. Des centres hospitaliers utilisent depuis de nombreuses années le procédé d’ionophorese et depuis janvier 2014 les appareils de ionophorese sont pulsés, ce qui optimise l'action.
La ionophorèse ou la iontophoresis (anglicisme) doit être pratiquée de façon régulière. Les effets bénéfiques contre l’hyperhidrose se feront ressentir au bout de la 4ème séance. Cependant, pour un résultat efficace, il faudra suivre un traitement sur une fréquence de 1 à 2 séances par semaine pour les premiers 15 jours puis une séance pour les 15 restants.
Les Traitements
L’hyperhidrose reste encore sous-traitée car elle n’est pas considérée comme une maladie. Actuellement, nous disposons d’outils efficaces, allant des traitements locaux à la chirurgie.
Traitement médical
Les antitranspirants locaux
A la différence des déodorants visant à masquer les odeurs qui accompagnent la transpiration, les antitranspirants ont une efficacité sur l’excrétion de la sueur. Le chef de file est représenté par les sels d’aluminium (chlorure et hydroxychlorure d’aluminium) et son efficacité a été démontrée dans quelques études contrôlées. Le chlorure d’aluminium est l’antiperspirant local le plus efficace. Pour minimiser l’irritation, le chlorure d’aluminium doit être appliqué sur des aisselles sèches au moment du coucher, puis totalement éliminé par le lavage après 6 à 8 heures. Il est donc appliqué toutes les 24-48 heures jusqu’à normalisation de la sudation, puis une fois toutes les 1 à 3 semaines.
Ces traitements peuvent etres prescrits par le Médecin ou Podologue
L’impact sur la santé de l’exposition à l’aluminium est source de nombreuses controverses et depuis les années 90 l’utilisation de produits locaux contenant des sels d’aluminium a été suspectée d’être à l’origine de cancers du sein. Selon l’AFSSAPS et quelques études, il n’y a pas de lien entre l’utilisation de produits cosmétiques contenant des sels d’aluminium et le cancer de sein.
Les autres Traitements
Médication par voie Orale
L’oxybutynine (Ditropan®) a montré son intérêt dans quelques cas. Dans notre expérience, ce médicament permet une nette amélioration dans près de 80% des cas. Néanmoins, un échappement thérapeutique est possible. Les contre-indications sont l’adénome prostatique, le glaucome à fermeture de l’angle, la tachyarythmie, la myasthénie. Les effets secondaires sont inéluctables et dose-dépendants : sécheresse buccale, troubles d’accommodation, constipation, tachycardie et lipothymies. Il convient de débuter par des petites doses, puis d’augmenter par paliers, jusqu’à une dose maximale de ½ comprimé 3 fois par jour et de se limiter à la dose minimale efficace.
Le propranolol, le diltiazem ont été parfois utilisés. Le rapport bénéfices/effets secondaires ne semble pas tout à fait favorable. Certains antidépresseurs antisérotoninergiques peuvent avoir un effet sur l’hyperhidrose (ex : Deroxat®).
Les injections de toxine botulique
Le traitement par injections de toxine botulique a montré une efficacité très intéressante dans l’hyperhidrose et améliore la qualité de vie.
La technique d’injection est assez stéréotypée. Les zones hyperhidrotiques sont repérées par l’application d’une solution alcoolique iodée puis d’amidon de maïs sur les zones hidrotiques engendrant une couleur noire.
Les effets secondaires, pour les aisselles sont la douleur, en général peu intense, lors des injections, qui peut être atténuée par l’application préalable de crème Emla®. Concernant les injections palmaires, la douleur est le point essentiel à anticiper. L’application d’Emla® a peu d’effet; l’utilisation du gaz Kalinox® peut permettre une analgésie acceptable. La technique de l’hypnose peut aussi être très intéressante en permettant l’analgésie des mains ou des pieds; elle exige néanmoins une formation préalable. L’autre effet secondaire notable est la faiblesse modérée et transitoire (en général moins d’un mois) des muscles intrinsèques de la main chez près de 5% des patients.
La durée d’efficacité des injections de toxine botulique est variable, allant de 4 à 25 mois et il semble que cette durée augmente avec le nombre d’injections. Les toxines botuliques sont de délivrance hospitalière et ne peuvent être rétrocédés aux patients. De ce fait, la législation stipule que les injections soient réalisées en hôpital de jour.
Traitement chirurgical : la sympathectomie
La section du nerf sympathique au niveau thoracique (sympathectomie) provoque un arrêt complet de la sudation de la partie supérieure du corps. En post-opératoire la sudation ne peut se faire qu’au niveau de la partie inférieure du corps. C’est ce qu’on appelle l’hypersudation compensatrice et c’est le principal problème de la chirurgie.
Les complications sont peu fréquentes et bénignes ou rarissimes et graves. Les douleurs post-opératoires sont parfois préoccupantes mais toujours transitoires. Pour les complications exceptionnelles, il y a les atteintes vasculo-nerveuses et des troubles du rythme cardiaque.
Les effets secondaires engendrés par la sympathectomie chirurgicale sont au cœur du problème de l’indication chirurgicale. En effet, c’est l’intensité de l’hypersudation compensatrice de la partie inférieure du corps qui va influencer la qualité de vie en post opératoire. Elle est constante et physiologique et il ne faut pas la présenter comme une complication. Elle varie de 14 à 90 % selon les séries.